1923 -- France
Alors qu'il est élève de l'Ecole Polytechnique, Jean-Jacques Barré s'intéresse à l'astronomie.
Il publie dans la revue "l'Astronomie" un article relatif à la construction de miroirs paraboliques.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
01/10/1924 -- France
à sa sortie de l'Ecole Polytechnique,Jean-Jacques Barré choisit la carrière des armes.
lI est affecté, le premier octobre 1924, à l'Ecole d'Artillerie de Fontainebleau où il poursuit, à titre personnel, l'étude de sujets astronomiques comme le rayonnement solaire.
De 1923 à 1934, il publiera sept articles dans le domaine de l'astronomie.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
08/06/1927 -- France
Devenu lieutenant d'artillerie, Jean-Jacques Barré assiste, le huit juin 1927, à la deuxième conférence prononcée par Robert Esnault-Pelterie en France, lors de l'Assemblée générale de la Société Astronomique de France, ayant pour sujet "L'exploration par fusées de la haute atmosphère et la possibilité des voyages interplanétaires".
Cette conférence a un retentissement mondial.
A cette époque Robert Esnault-Peltrie
, ingénieur et constructeur d'avions, est essentiellement connu pour ses inventions du "manche à balai" et du moteur en étoile.
Il n'a pas encore acquis de réputation en matière astronautique. Il est vrai que cette science est toute récente en France.
Seul, Robert Esnault-Peltrie y travaille à titre personnel depuis 1908.
Cette conférence présente un grand intérêt pour Jean-Jacques Barré.
Elle a été probablement à l'origine de sa future vocation pour l'étude des fusées.
Dans les jours immédiats qui suivent cette conférence, Barré écrit à Esnault-Pelterie et lui fait part des réflexions qu'il a déjà engagées sur un système de propulsion électromagnétique de vaisseau spatial qu'il appelle alors le "propulseur intégral".
Dès le douze juin 1927, Robert Esnault-Peltrie lui répond et commence alors une correspondance entre les deux hommes qui durera plus de six années.
Ils s'échangeront plus de trois cents lettres dont cent deux au cours de la seule année 1929.
Cette correspondance aura trait aux aspects théoriques des moteurs-fusées, aux problème de combustion, de vitesse d'éjection, de débit des ergols, de dimensionnement de pompes, etc, etc.
La grande aventure de l'espace, tome 1, Editions Rombaldi, 1967
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
11/07/1927 -- France
Alors qu'il est au Fort de Vincennes, Jean-Jacques Barré commence à mettre par écrit un projet de navigation interplanétaire en concevant un engin habité susceptible de s'arracher à l'attraction terrestre. Il appelle cet engin "étheronef" et envisage de l'équiper d'un "propulseur intégral".
Profondément croyant, il annote la première page de son document d'étude de la manière suivante :
"S'il m'est permis de réaliser un jour, et pour la plus grande gloire de Dieu, "l'étheronef" que je décris ici, je fais vœu de le baptiser "Marie Stella".
Toutefois quelque temps plus tard, il qualifiera son projet d'utopique.
Mais, qu'importe, cette première étude fera place à d'autres qui, elles, aboutiront à des réalisations.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En 1929 -- France
Hormis ces études liées aux problèmes spécifiques des fusées, Jean-Jacques Barré aborde aussi en 1929 quelques réflexions à propos de la Relativité générale.
En cette même année, il prend connaissance des travaux d'Hermann Oberth que celui-ci conduit en matière astronautique.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En 1930 -- France
Les recherches de Jean-Jacques Barré le conduisent à s'intéresser à la combustion du méthane.
Il apporte indéniablement une aide précieuse à Robert Esnault-Pelterie dans ses études théoriques lequel dit d'ailleurs apprécier cette aide et les idées souvent originales de Barré.
Si parfois les relations entre
Robert Esnault-Peltrie
et Jean-Jacques Barré sont difficiles, il n'en demeure pas moins que les deux hommes s'apprécient et se complètent parfaitement.
Esnault-Pelterie demande à Barré non seulement de l'aider dans la résolution des problèmes théoriques mais aussi de corriger le texte des conférences qu'il prononce.
Ainsi, Barré apporte beaucoup à l'ouvrage d'Esnault-Pelterie "l'Astronautique", qui parait en 1930.
Cet ouvrage fait le point des connaissances acquises à cette époque, en allant des "considérations sur les fusées sondes aux voyages interplanétaires."
La grande aventure de l'espace, tome 1, Editions Rombaldi, 1967 Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
01/11/1930 -- France
La collaboration est suffisamment bonne entre Robert Esnault-Peltrie et Jean-Jacques Barré pour qu'en novembre 1930, Esnault-Pelterie qui travaille sous contrat du Ministère de la Guerre demande le détachement de Barré auprès de lui pour travailler à la réalisation d'une fusée aérologique destinée à atteindre cent kilomètres d'altitude.
Ce détachement n'interviendra en fait que le vingt-cinq septembre 1931.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
25/09/1931 -- France
Détachement de Jean-Jacques Barré auprès Robert Esnault-Peltrie.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Octobre 1931 -- France
à peine trois semaines après son arrivée au laboratoire de Robert Esnault-Peltrie, situé à Boulogne sur Seine, Jean-Jacques Barré est le témoin d'une explosion résultant d'un essai d'un mélange de pétrole et de tétranitrométhane qui emporte l'extrémité des quatre doigts de la main gauche d'Esnault-Pelterie.
Notons que cet accident est à l'origine directe du choix de l'oxygène liquide jugé moins dangereux pour les essais de moteurs et de fusées qui auront lieu au cours des qinze années suivantes.
Au sein de la petite équipe d'Esnault-Pelterie, Barré poursuit des études théoriques et commence à mettre au point des composants de moteurs.
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Septembre 1932 -- France
En septembre 1932, le détachement de Jean-Jacques Barré se termine, l'Administration militaire n'estimant pas alors que "l'étude des fusées puisse absorber l'activité d'un officier".
Toutefois, Barré apprend à Robert Esnault-Peltrie que le général Weygand est prêt à doubler voire à tripler la subvention accordée à ses travaux à condition qu'il obtienne des résultats tangibles dans les trois ans.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En 1933 -- France
En 1933 le capitaine Barré; est affecté à la Commission des Poudres de guerre à Versailles ou il ne peut consacrer que peu de temps à la poursuite des études sur les fusées.
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Novembre 1935 -- France
En novembre 1935, Barré "est autorisé à entreprendre, hors de son service courant, des essais sur des propergols à base de peroxyde d'azote" et sur des obus-fusées.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Décembre 1935 -- France
En décembre 1935, publication par Barré d'un rapport sur des études de combustion de propergols liquides et solides.
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08/12/1935 -- France
Jean-Jacques Barré publie un compte-rendu d'étude concernant une comparaison des vitesses atteintes par les obus de DCA. alors en service et ce qui est appelé un obus-fusée.
Il montre théoriquement que ce dernier a une vitesse supérieure à l'obus modèle 1928 dès l'altitude de 2000 mètres et que la fusée à partir de 4000 mètres met deux fois moins de temps pour atteindre une altitude donnée.
Il calcule aussi que le plafond qu'elle atteint est de 1000 mètres plus élevé que celui de l'obus classique. C'est le début des études des engins sol-air en France.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En 1937 -- France
En 1937, Jean-Jacques Barré reçoit du Ministère de la Guerre une prime de 6000 francs pour la qualité des recherches qu'il effectue.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
09/02/1937 -- France
Essai au point fixe d'un obus-fusée par Jean-Jacques Barré.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
03/03/1937 -- France
Essai au point fixe d'un obus-fusée par Jean-Jacques Barré.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
19/03/1937 -- France
Essai au point fixe d'un obus-fusée par Jean-Jacques Barré.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
06/04/1937 -- France
Essai au point fixe d'un obus-fusée par Jean-Jacques Barré.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
06/04/1938 -- France
Essai au point fixe d'un obus-fusée par Jean-Jacques Barré.
Cet obus-fusée explose.
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En 1939 -- France
En 1939, Jean-Jacques Barré reçoit du Ministère de la Guerre un prime de 2000 francs pour la qualité des recherches qu'il effectue.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
08/07/1939 -- France
Suite aux études réalisées depuis 1936, Jean-Jacques Barré publie un rapport sur l'intérêt d'utiliser des projectiles tubulaires.
Il montre alors qu'un projectile de ce type et de calibre deux cent quarante tiré à 1100 mètres par seconde pourrait avoir une portée de cent un kilomètres alors qu'un projectile-obus classique n'atteint que cinquante-trois kilomètres.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
24/05/1940 -- France
Suite aux recommandations d'un expert commis par la Section Technique de l'Artillerie qui conclu à la non viabilité du projet de Barré, il est décidé de mettre une fin aux études sur les obus-fusées.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
16/11/1940 -- France
Barré est affecté au Service Central des Marchés et de Surveillance des Approvisionnements à Lyon.
Sous ce nom se cache en fait la Section Technique de l'artillerie reconstituée clandestinement par le général Arnaud, le colonel Gentil de la Sous-direction du Service de l'artillerie et par le colonel Dubouloz qui en est le directeur.
Le colonel Dubouloz demande à Barré d'entreprendre l'étude d'une fusée de cent kilomètres de portée. On lui adjoint deux officiers, les capitaines Derrier et Calas et un dessinateur M. Gautier.
Installée à la Croix Rousse, à Lyon, dans des locaux exigus et discrets au fond d'une cour, l'équipe du commandant Barré commençe donc ses travaux.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
15/01/1941 -- France
Barré remet une étude sur les projectiles autopropulsés plus communément appelés à l'époque, obus-fusées. Il imagine alors la possibilité de réaliser :
- des obus-fusées de très grandes portées de l'ordre de 1000 kilomètres et plus.
- des obus-fusées perforants dont la vitesse pourrait être de l'ordre de 2000 mètres par seconde.
- des obus-fusées de D.C.A. (permettant de réduire le temps de trajet de moitié).
et, pour les bombardements aériens :
- des bombes-fusées perforantes.
- des bombes-fusées suraccélérées.
Pour les fusées à très longue portée, il envisage des propulseurs à essence et oxygène liquide. En cas de pénurie d'essence, il prévoit l'utilisation d'hydrogène ou de méthane liquide qui sont des produits nationaux, mais il préconise aussi le couple peroxyde d'azote-benzène.
Il envisage enfin la stabilisation de telles fusées par des empennages avec éventuellement des gouvernes asservies à un dispositif gyroscopique.
En conclusion, il juge que l'étendue des possibilités des projectiles autopropulsés est grande.
Il propose donc de poursuivre simultanément la mise au point des différents types d'engins autopropulsés qu'il a évoqués en faisant, en outre, remarquer que les autopropulseurs peuvent être utilisés à des fins purement scientifiques ou utilitaires.
Il semble, dit-il, que leur étude puisse être entreprise sans contrevenir aux clauses de l'Armistice. En annexe à cette note, il évoque le cas des projectiles à propulsion aérothermique dans lesquels le comburant est constitué de l'air environnant.
Il réfléchit donc au concept du statoréacteur en montrant le gain considérable d'impulsion spécifique par rapport aux autopropulseurs-fusées.
Il met l'accent sur le fait que, pour que le statoréacteur fonctionne, il faut lui imprimer une vitesse initiale de l'ordre de huit cent mètres par seconde qui pourrait lui être communiquée par un autopropulseur faisant ainsi un engin à deux étages.
Mais il considère que le statoréacteur sera sensible aux variations de pression atmosphérique et à l'hygrométrie.
Par contre, ce principe permet d'escompter des portées considérables avec des rapports de masses relativement insignifiants : 1,5 à 2 pour une vitesse de 4000 mètres pr seconde en fin de combustion.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En Mars 1941 -- France
Barré élabore à partir du début du mois de mars 1941 un avant-projet sommaire d'un propulseur pour fusée-sonde.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
23/06/1941 -- France
Un rapport de Barré est apporté au Ministre Secrétaire d'État de la Guerre.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
04/07/1941 -- France
le projet de Barré est suffisamment défini pour que dans une note classifiée "Très secret", le Ministre Secrétaire d'État à la Guerre demande au Directeur du Service Central des Marchés et de Surveillance des Approvisionnements "de commander la réalisation de vingt-deux "appareils gazogénérateurs" conformes aux tracés qui ont été apportés à son Administration Centrale par Barré le vingt-trois juin 1941".
La note indique, en outre, qu'une provision de 300000 francs est affectée à cet achat.
On note ici toute l'ingéniosité mise par les responsables dans la dissimulation de ces travaux relatifs aux fusées qui ne doivent en aucun cas être connus des Allemands. Pour détourner l'attention de ceux-ci, on appele donc "gazogénérateurs" ces propulseurs-fusées.
Rappelons qu'à cette époque les automobiles fonctionnent à l'aide des fameux "gazogènes" qui sont en quelque sorte des "gazogénérateurs".
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
15/11/1941 -- France
Le colonel Barré procède, au camp du Larzac, à un essai statique au banc d'une fusée sol-air alimentée en ergol.
C'est un succès mais l'engin explose après quarante-deux secondes de combustion.
Au départ il était prévu que la durée de l'essai serait de dix-huit secondes.
La première fusée à liquide française prend le nom de EA-1941.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Initiation à la force de frappe française (1945-2010), M. Theleri, Stock, 2-234-04700-5, 1997
17/03/1942 -- France
Une allocation de 200000 francs supplémentaire est accordée à la poursuite des travaux du colonel Barré.
Le même jour il procède, au camp du Larzac, à un deuxième essai statique au banc d'une fusée sol-air alimentée en ergol.
Cette version est légèrement modifiée elle portera le nom de EA-1941-B.
Le moteur développe une poussée de sept cent dix-neuf kilogrammes force mais l'engin explose après cinq secondes de combustion.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Jean-Jacques Barré présente
le moteur de la fusée EA-1941
18/03/1942 -- France
Le colonel Barré procède, au camp du Larzac, à un troisième essai statique au banc d'une fusée sol-air, EA-1941, alimentée en ergol.
Le moteur développe une poussée de six cents cinquante kilogrammes force mais l'engin explose après quatre secondes de combustion.
Les déchecs des deux dernier essais sont imputés à l'organisation même du banc d'essai, le jet propulsif faisant trop chauffer la structure de l'engin.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
06/07/1942 -- France
Le colonel Barré procède, dans l'ouvrage de Vancia, à un quatrième essai statique au banc d'une fusée sol-air, EA-1941, alimentée en ergol.
Le moteur développe une poussée de six cent huit kilogrammes force pendant 0,6 seconde.
Les échecs des deux derniers essais effectués au camp du Larzac les dix-sept et dix-huit mars étant imputés à l'organisation même du banc d'essai.
Il est alors décidé de poursuivre les essais dans un autre lieu. Le nouveau point fixe est installé dans l'ouvrage de Vancia, qui est situé la banlieue lyonnaise.
Il est plus dégagé permettant donc au jet propulsif de moins chauffer la structure de l'engin. Rappelons qu'à cette époque le Larzac et l'ouvrage de Vancia sont situés en zone libre.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
23/07/1942 -- France
Le colonel Barré procède, dans l'ouvrage de Vancia, à un cinquième essai statique au banc d'une fusée sol-air,EA-1941, alimentée en ergol.
Cet essai n'est pas significatif.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
12/08/1942 -- France
Le colonel Barré procède, dans l'ouvrage de Vancia, à un sixième essai statique au banc d'une fusée sol-air, EA-1941, alimentée en ergol.
Le moteur développe une poussée de huit cents soixante kilogrammes force pendant 2.8 secondes.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
24/09/1942 -- France
Le colonel Barré procède, dans l'ouvrage de Vancia, à un septième essai statique au banc d'une fusée sol-air, EA-1941, alimentée en ergol.
Le moteur développe une poussée de 654.5 kilogrammes force pendant 10.9 secondes, c'est un succès complet.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
03/10/1942 -- France - Algérie
Après ces sept essais au banc et plus particulièrement après le dernier essai réussi, l'équipe de Barré décide d'effectuer des essais en vol.
Pour des raisons évidentes de discrétion les essais ne peuvent se dérouler en France métropolitaine.
Le choix se porte alors sur l'Algérie où la France dispose de vastes territoires.
Une mission est donc effectuée par Barré à Beni-Ounif dans le sud oranais du 3 au 16 octobre 1942.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
02/11/1942 -- France - Algérie
Dès le retour de la mission de Barré, on prépare l'expédition du matériel de Lyon en Algérie et, le deux novembre 1942, l'escorteur Bônoise appareille avec environ le tiers du matériel à bord.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
08/11/1942 -- France
Le reste du matériel de l'équipe de Barré est sur les quais de Marseille, prêt à être embarqué, quand éclate la nouvelle du débarquement allié en Afrique du Nord.
Mr. Mechin, aussitôt envoyé sur place, réussit à tout camoufler dans un château des environs, à Mimet, grâce à la très courageuse obligeance de sa propriétaire Mme C. Perrier.
Dans l'espoir de pouvoir reprendre les essais au point fixe à Vancia, la moitié du matériel stocké au château de Mimet est transférée à Lyon dans une propriété appartenant à la famille du commandant Barré.
Les circonstances ne permettent de continuer que des études théoriques.
Quelques essais de manodétendeurs à pression-pilote sont toutefois effectués et la confection d'un outillage balistique d'engins autopropulsés est entreprise.".
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Fin 1942 -- France
À la fin 1942, les Allemands pénétrent en zone libre et occupent Lyon.
Les travaux relatifs à la fusée EA-1941 se poursuivent alors dans la clandestinité, aussi stupéfiant que cela puisse paraître.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
17/01/1943 -- France
Barré commence une étude sur l'utilisation de l'énergie nucléaire pour la propulsion. Il examine alors les propulseurs nucléothermiques utilisant l'hydrogène comme jet propulsif ainsi que les propulseurs nucléoélectriques (moteurs ioniques).
Pour ces derniers, il précise "Quand le temps de l'Astronautique sera venu, ils pourront être utilisés comme propulseurs de croisière".
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Mai 1943 -- France
Publication par Barré d'un rapport sur l'application de l'énergie nucléaire à l'autopropulsion.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Mi 1943 -- France
À partir de la mi-1943, les membres de l'équipe du Commandant Barré rejoignent les Forces Françaises Combattantes et plus particulièrement le réseau de résistance Gallia-Dubouloz. Rappelons que le colonel Dubouloz est le supérieur hiérarchique de J.J. Barré, et donc directeur du Service Central des Marchés et de Surveillance des Approvisionnements.
C'est à la Croix Rousse que sont réalisés des émetteurs radios, des bombes et des armes destinés aux mouvements de résistance.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Juillet 1943 -- France
Publication par Barré d'un deuxième rapport sur l'application de l'énergie nucléaire à l'autopropulsion.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Août 1943 -- France
Publication par Barré d'un troisième rapport sur l'application de l'énergie nucléaire à l'autopropulsion.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
01/10 1943 -- France
La EA-1941 intéresse les Alliés qui par ailleurs cherchent à mieux identifier la menace que représentent les armes nouvelles d'Hitler (les V1 et V2).
Le premier octobre 1943, le Commandant Barré embauche la fille du capitaine Bares, l'un de ses collaborateurs, qui a à peine dix-sept ans, pour dessiner les plans de cette fusée.
Ceux-ci transformés ensuite en microfilms prennent la route de Londres.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En 1944 -- France - Allemagne
Afin que ces travaux ne soient pas découverts par la Gestapo, l'équipe de Barré utilise de nombreux subterfuges.
Toutefois, au cours de l'été 1944, le colonel Dubouloz est arrêté par la Gestapo. Il est interné à Fresnes.
Interrogé sur les activités de son équipe, il parvint, fort habilement, à convaincre la police allemande que cette étude est tout à fait farfelue.
Le colonel Gentil, membre de cette équipe, est arrêté également. Il a moins de chance. Envoyé au camp de concentration de Dora, il décédera quelques mois plus tard, victime de mauvais traitements.
Rappelons que bon nombre de déportés de Dora sont affectés à la fabrication des V2 dans des conditions particulièrement inhumaines et bon nombre en mourront.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
03/09/1944 -- France
Alors que la libération de la France commencée en 1944 se poursuit par la libération de Lyon. le trois Septembre 1944, les essais en vol de la fusée EA-1941 sont à nouveau envisagés.
Le matériel de l'équipe de Barré est rapidement rassemblé, y compris la fraction d'Oran retrouvée intacte; il est décidé que les premiers tirs auront lieu à la Renardière, dans la presqu'île de Saint-Mandrier qui ferme la rade de Toulon.
La rampe de lancement est aussitôt mise en confection et une reconnaissance est effectuée à Toulon pour prendre liaison avec la Marine et organiser les premiers tirs.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Le Monde dossiers et documents, L'Histoire au jour le jour,Tome 1, 1944-1954 les années froides, ISSN 0153-419 X, 1985
En 1945 -- France
Barré est l'un des experts du Centre d'Etudes des Projectiles Autopropulsés (CEPA) dirigé par le Professeur Moureu et rattaché à la Direction des Études et Fabrications d'Armement (DEFA).
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
15/03/1945 -- France
Après maints incidents, le premier tir de la fusée EA-1941 a lieu le quinze mars 1945.
La fusée EA-1941 a été conçu pour emporter une charge tile de 25 kilogrammes à 100 kilomètres.
Elle fonctionne à l'oxygène liquide, son moteur a une poussée voisine d'une tonne-force.
La Marine a fait un effort considérable pour jalonner la ligne de tir : deux hydravions, deux destroyers d'escorte et huit chasseurs et vedettes.
L'engin franchit rapidement la rampe, mais il se met rapidement à "précessionner" et explose après cinq secondes de course.
Une vedette de la Marine recueille plusieurs fragments qui flottent, dont la bouteille d'azote.
La cause de l'explosion ne fut jamais bien établie.
Elle peut être attribuée à la précession, cette dernière ayant pu être provoquée par la perte possible d'un aileron de l'empennage.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Jacques Villain, L'aventure millénaire des fusées, Explora - Presses Pocket, N° 3620, ISBN 2-266-0524-X, 1993
La fusée EA 1941.
16/03/1945 -- France
Deux engins EA-1941 doivent être tirés le seize Mars 1945, mais un seul est mis à feu.
Pour une cause indéterminée, la télévalve ne s'ouvre pas et la combustion a lieu sans pression.
L'engin, reste au bas de la rampe.
Il explose au bout d'une dizaine de secondes, rendant la glissière inutilisable pour le tir du deuxième engin.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
La fusée EA 1941.
09/05/1945 -- France - Allemagne
En 1945, les Alliés prennent connaissance de l'ampleur des travaux allemands concernant les fusées.
En effet, une vingtaine de rapports concernant les V1 et V2 ont déja étés rédigés.
Le professeur Henri Moureu, accompagné du Commandant Barré, prend la tête d'une mission en Allemagne.
Ils sont chargée d'aller examiner la station expérimentale de contrôle et de réception des V2 de Ober-Raderach située près du Lac de Constance et de Friedrischshafen, en zone d'occupation française.
Moureu préconise alors le démontage de cette installation et son transfert vers la France.
Cette mission dure du neuf au dix-sept mai 1945.
Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992
07/06/1945 -- France - Allemagne
Le professeur Henri Moureu, accompagné du Commandant Barré, prend la tête d'une deuxième mission sept au vingt-neuf juin en zone d'occupation américaine.
La mission parvient à Nordhausen, dans le centre de l'Allemagne.
Jacques Villain, La force de dissuasion française, Genèse et évolution, Docavia - Volume 26, Editions Larivière, 1987
Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
15/06/1945 -- France - Allemagne
Après avoir obtenu les autorisations nécessaires de la part des autorités américaines, les membres de la mission dirigée par le professeur Henri Moureu visitent les installations de Nordhausen.
L'objectif essentiel du Professeur Moureu est de ramener en France des matériels, ce qu'il obtint de la part du commandement américain.
Ainsi, neuf wagons de pièces diverses prendront le chemin de la France parmi lesquelles quatre V1 et un quadruple jeu de pièces de V2 (tuyères, groupes générateurs de gaz pour turbines, servo-moteurs).
Quelques temps plus-tard ils visitent la station d'étalonnage "Basalt" des tuyères de V2, située à Lehesten en Thuringe et à environ cent kilomètres au sud de Nordhausen.
Cette usine a été édifiée pour prendre le relais de celle d'Ober-Raderach.
Ils visitent également l'usine "Mittlewerk" de Dora permettant le montage sous terre de V2 et où de nombreux déportés travaillant dans des conditions inhumaines payent de leur vie la réalisation de ces premières fusées.
Au cours de cette mission, les représentants français ont assistés à des essais de moteurs et procédés à l'interrogatoire de prisonniers allemands.
Les experts en armements français commencent à découvrirent ce que sont les missiles balistiques.
Comme les États-Unis et l'Union Soviètique, la France va s'engager dans l'étude de ce nouveaux système d'arme.
Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
18/06/1945 -- France - États-Unis
Le professeur Henri Moureu, accompagné du Commandant Barré, prend la tête d'une deuxième mission sept au vingt-neuf juin en zone d'occupation américaine.
Le professeur Henri Moureu obtint l'engagement écrit du commandement suprème américain de céder ultérieurement à la France dix V2 complets.
Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992
27/06/1945 -- France - États-Unis
Le Département de la Guerre américain fait savoir au professeur Henri Moureu qu'il ne tiendra pas son engagement de céder à la France dix V2 complets.
Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992
06/07/1945 -- France
À nouveau, les circonstances retardent les opérations la "monnaie matière" est rare et délivrée au compte-goutte, des affectations diverses dissocient en partie l'équipe de Barré et le montage des engins restants est confié à la Société pour l'Application Générale de l'Electricité et de la Mécanique (SAGEM) à Argenteuil.
Mr. Pinard, le forgeron-soudeur est d'ailleurs détaché à cette société.
Finalement, le tir n'a lieu que le six juillet 1945, toujours à la Renardière, la rarnpe de lancement ayant été remise en état.
La Marine de Toulon a bien voulu mettre à la disposition des expérimentateurs un hydravion, un escorteur et deux vedettes de port.
Trois engins furent tirés ce jour-là.
- Le premier, animé d'une vitesse insuffisante au sortir de la rampe, par défaut manifeste de pression, est couché par une rafale et tombe en mer, combustion achevée, à une dizaine de kilomètres de la Renardière.
- Le second, au contraire, animé d'une vitesse excessive, explose 1,2 secondes après avoir franchi la rampe.
- En raison des retards accumulés au cours des tirs précédents, le troisième engin n'est tiré qu'à 19h 45mn alors que la flottille d'observation est déjà sur le chemin du retour.
Après un très bon départ, la combustion prend fin au bout de 7.5 secondes au lieu des 13 prévues, ce qui semble imputable à un excès de pression.
l'engin peut être suivi jusqu'à l'horizon (distant de trente-quatre kilomètres de la rampe de lancement) et certains observateurs affirment l'avoir vu disparaître derrière la ligne d'horizon.
La lecture des films permit ultérieurement d'évaluer à 1400 mètres par secondes environ la vitesse de l'engin en fin de combustion son coefficient balistique étant mal déterminé, on n'a pu qu'évaluer grossièrement la portée qui a dû être de l'ordre de 60 kilomètres.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
La fusée EA 1941.
22/08/1945 -- France
Un marché est passé avec la société Société pour l'Application Générale de l'Electricité et de la Mécanique (SAGEM) pour réaliser un prototype d'un engin plus puissant que la fusée EA-1941 qui doit pouvoir transporter une charge de 300 kilogrammes à une distance de l'ordre de 500 à 1000 kilomètres.
Cet engin d'abord appelé EA 1946 prend rapidement le nom d'Eole (Engin fonctionnant à l'Oxygène Liquide et à l'Ether de pétrole).
Eole est en fait une réplique à échelle accrue de la fusée EA-1941.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En Avril 1946 -- France
En avril 1946, Jean-Jacques Barré reçoit une prime d'un montant de 200000 F pour la réalisation du premier projectile fusée lancé en France.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
18/07/1946 -- France
Les mois qui suivent les essais du six juillet 1945 de la EA-1941, sont consacrés en particulier à des études sur un manodétendeur à pression-pilote et divers dispositifs de régulateur de consommation.
Ces études s'exécutent à la Société pour l'Application Générale de l'Electricité et de la Mécanique (SAGEM), un contrat ayant été passé avec cette société par la Direction des Etudes et Fabrications d'Armement (DEFA) à la demande de la Section Technique de l'Armée (STA).
Un petit point fixe zénithal est également monté à Satory, sur l'emplacement de l'ancien point fixe REP (Robert Esnault-Pelterie) qui avait été démantelé durant l'occupation.
Il s'avère très difficile de coordonner l'arrivé des deux liquides dans le foyer qui est noyé par celui qui arrive le premier.
Le professeur Roccard fait étudier dans son laboratoire un émetteur "Mesny" devant servir à une localisation balistique de l'engin cela conduit à étudier une ogive en deux parties isolées électriquement.
Un dernier tir de deux fusées à lieu à Toulon le dix-huit juillet 1946; il se solde par un échec complet, les deux engins brûlant en bas de la rampe sans pression ni poussée.
La rampe ayant été détériorée, un troisième engin ne peut être tiré.
Essayé quelque temps après au point fixe du Mont-Valérien, il fonctionnera parfaitement.
La cause de ces incidents ne fut découverte que près d'une année après au cours d'un essai en atelier, une écaille détachée de la paroi interne de la bouteille en alliage léger étant venue obturer presque complètement l'orifice de sortie situé au bas de la bouteille, les "chuintements" et "miaulements", analogues à ceux entendus à Toulon, sont nettement perçus un examen endoscopique des bouteilles montre, d'ailleurs, que les parois internes de la plupart d'entre elles sont parsemées d'écailles prêtes à tomber.
Cet échec a des conséquences psychologiques déplorables à une époque où l'on n'est pas encore habitué au pourcentage élevé des incidents propres à ce genre d'engin.
Un essai de modification de l'EA-1941 conduit à un projet d'engin "ONM." (Office National Météorologique).
Après quelques essais au point fixe du Mont-Valérien, essais décevants quoique riches d'enseignements, ce projet fut abandonné, les efforts s'étant concentrés sur l'engin "Eole" depuis plusieurs mois déjà.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
15/10/1946 -- France
Début de la réalisation de l' EA-1946-A.
La tuyère de ce nouvel engin doit être refroidie par circulation entre ses parois, d'éther de pétrole refroidi lui-même à une température voisine de celle de l'oxygène liquide; l'alimentation du moteur en ergols étant réalisée en pressurisant les réservoirs à l'azote;
Comme la fusée EA-1941; la fusée EA-1946-A est non guidée.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En Décembre 1947 -- France
Barré, intégré dans le corps des ingénieurs militaires et affecté à la Direction des Etudes et Fabrications d'Armement depuis quelques temps s'intéresse au nucléaire en tant que source d'énergie.
Il va jusqu'à proposer une "bombe nucléaire" d'un type nouveau.
La grande aventure de l'espace, tome 1, Editions Rombaldi, 1967
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En 1949 -- France
Alors que Barré enseigne les "Engins Autopropulsés" à l'Ecole Nationale Supérieure de l'Armement, il reprend ses travaux théoriques sur les statoréacteurs.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
04/02/1949 -- France
Premier essai au banc de la fusée l' EA-1946-A au Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques (LRBA) de Vernon, qui participe aussi à l'étude.
Cet essai dure 13,5 secondes au lieu des 18 secondes prévues, le moteur s'arrêtant par manque d'oxygène.
C'est malgré tout un succès.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
06/01/1950 -- France
Le deuxième essai au banc de la fusée l' EA-1946-A n'est pas aussi satisfaisant.
Après vingt secondes de combustion normale, trois petites détonations suivies d'une combustion pulsatoire apparaissent et à la trente-quatrièmes secondes une détonation violente se produit.
Une lueur intense éclaire le paysage.
Elle est même visible à quarante kilomètres de Vernon.
L'engin est complètement détruit et le banc d'essai gravement endommagé.
L'explosion a aussi fait trois blessés légers.
Après analyse, on s'aperçoit que l'origine de l'explosion, comme celle d'ailleurs des deux EA-1941 essayés en 1945, était due à l'hypergolicité de l'essence et de l'oxygène liquide.
Il est alors décidé d'abandonner l'éther de pétrole au profit de l'alcool éthylique plus ou moins hydraté qui a donné satisfaction avec le V2 et de procéder à diverses autres modifications.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
19/12/1950 -- France
Une deuxième version d'EA-1946 est réalisée au cours de l'année 1950.
Elle prend le nom d'Eole 1951 (Engin utilisant Oxygène Liquide et alcool Ethylique).
Un premier essai à feu du moteur est réalisé. C'est un échec, pas de mise à feu du moteur.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
23/12/1950 -- France
Deuxième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951. C'est un échec, mise à feu mais pas de poussée développée par le moteur.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
La fusée EA Eole 1951 sur le banc d'essai PF1
du Laboratoire de Rechecche Balistique et Aérodynamique
15/02/1951 -- France
Troisième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951.
C'est un succès, le moteur développant une poussée de 2,3 à 2,5 tonnes.
La vitesse d'éjection des gaz est de cinq-cent-quarante-deux mètres par seconde.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
01/03/1951France
Quatrième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951.
C'est un succès, le moteur développant une poussée de 3,5 à 4,3 tonnes.
La vitesse d'éjection des gaz est de quatre cent quatre vingt deux mètres par seconde.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
26/04/1951 -- France
Cinquième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951.
C'est un succès, le moteur développant une poussée de 4,2 à 5,9 tonnes.
La vitesse d'éjection des gaz est comprise entre cinq cents et sept cents mètres par seconde.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
10/05/1951 -- France
Sixième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951. Le moteur explose.
C'est un échec.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
25/09/1951 -- France
Septième essai au banc du moteur de la fusée Eole 1951.
C'est un succès, le moteur développant une poussée de 8,7 à 9,59 tonnes.
La vitesse d'éjection des gaz est de 2110 mètres par seconde.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
27/03/1952 -- France
Essais au banc PF1 d'une fusée Eole 1952 N°1 complète.
C'est un échec car le moteur ne développe pas de poussée.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
03/04/1952 -- France
Essais au banc PF1 d'une fusée Eole 1952 N°2 complète.
C'est un succès, le moteur développant une poussée de 7,4 tonnes.
La vitesse d'éjection des gaz est de 2110 mètres par seconde.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
31/10/1952 -- France
Essais au banc PF1 d'une fusée Eole 1952 complète.
C'est un échec arrêt du moteur après sept secondes de fonctionnement suite à la fusion du fond de la chambre.
Pendant les années 1951 et 1952, alors que les essais au point fixe du moteur de la fusée Eole se déroulent sur le banc du Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques (LRBA), on prépare les essais en vol de la fusée Eole 1952.
Ces essais devront avoir lieu à Hammaguir au Sahara, tout nouveau champ de tir d'où commencent à être lancées les fusées-sondes Véronique.
La fusée Eole n'étant pas guidée elle doit être lancée à partir d'une rampe dont la longueur est raisonnablement fixée à vingt et un mètres mais qui reste insuffisante.
En effet, avec une vitesse en fin de rampe de vingt-cinq mètres par seconde, l'engin reste très sensible à une éventuelle rafale de vent.
Il est donc envisagé d'augmenter la vitesse de l'engin à cinquante mètres par seconde au moyen d'un propulseur auxiliaire à poudre.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Octobre 1952 -- France - Algérie
Le matériel nécessaire aux essais en vol de la fusée Eole 1952 est transporté à Hammaguir.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Octobre 1952 -- France - Algérie
Alors que les essais en vol de la fusée Eole 1952 vont commencer, le propulseur auxiliaire à poudre permettant d'augmenter la vitesse de la fusée Eole 1952 en fin de rampe, n'a pas encore été réalisé.
Il est décidé d'effectuer les premiers lancements d'Eole sans ce dernier mais avec des engins allégés de capacité égale aux deux cinquièmes de leur capacité normale, c'est-à-dire avec une masse d'ergols semblable à celle utilisée lors des essais au banc.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Octobre 1952 -- France - Algérie
Incontestablement ce fut la mise en oeuvre de l'oxygène liquide qui causa le plus de problèmes lors des lancements de la fusée Eole 1952 comme le relata Jean-Jacques Barré lui-même.
"Un groupe de production d'oxygène liquide provenant de la station d'essai d'Oberraderach en Bavière, avait été remonté à Bidon II, près de Çolomb-Béchar.
L'usine, reliée par un épi au Méditerranée-Niger, disposait de deux wagons-citernes allemands de 32000 litres provenant également d'Oberraderach.
La consigne était de remplir un wagon et de l'envoyer à Abadla, terminus provisoire du Méditerranée-Niger.
Arrivé là, le liquide devait être transvasé dans la citerne routière de 3000 litres normalement utilisée à Vernon.
Il restait à parcourir une quarantaine de kilomètres de piste en tôle ondulée pour atteindre la base de lancement.
Malheureusement, cette citerne qui avait donné toute satisfaction sur les routes de France était de construction légère, la citerne proprement dite étant constituée par d'anciens réservoirs de V2 dans lesquels on avait riveté des cloisons de tranquilisation.
Pour comble de malchance, un sous-ordre prit l'initiative désastreuse de charger la citerne routière à Bidon II et de l'expédier directement par piste à Hammaguir, soit sur quelque cent vingt kilomètres de tôle ondulée.
A trente-cinq kilomètres de l'usine, le convoyeur s'aperçut d'une fuite importante et il fit vidanger la citerne sur place puis lui fit gagner Hammaguir pour examen et réparation ; il eut certainement été plus expédient de la ramener à l'usine, à proximité des moyens importants du Centre Interarmées d'Expérimentation des Engins Spéciaux (CIEES).
Quoiqu'il en soit, il fallut attendre deux jours pour que le reliquat de la citerne s'évapore, le siphon de vidange n'atteignant pas le point bas de la citerne.
Durant ce temps, l'on s'apercevait que le wagon-citerne parvenu enfin à Abadla était mal calorifugé et devait être envoyé à Bidon II pour rechargement; sur les entrefaits, le transformateur de l'usine grillait; il était heureusement très vite remis en état.
Par ailleurs, l'ingénieur militaire principal Corbeau prenait l'heureuse initiative de faire transformer deux citernes d'acide nitrique en acier inoxydable en citernes pour oxygène liquide.
Simultanément, la citerne de Vernon était remise en état par retrait de la cloison de tranquilisation et obturation des trous de rivet, tandis que le colonel Michaud, Commandant du Centre Interarmées d'Expérimentation des Engins Spéciaux se proposait d'acheminer par avion l'une des citernes transformées par Corbeau.
Deux jours après, enfin, le transvasement s'effectuait à Abadla dans la citerne de Vernon réparée, qui, après une menace de crue du Guir, put regagner, sans incident cette fois, son poste de remplissage.".
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
22/11/1952 -- France - algérie
A 11h30, l'ordre de remplissage de la fusée Eole 1952 vient d'être donné, un affreux craquement se fait entendre et la citerne s'entoure de vapeur.
L'ingénieur responsable de l'étude comprend de suite qu'il s'agit d'un incident analogue à celui qui s'était produit précédemment au cours d'un essai à Vernon : rupture du coude supérieur du siphon.
Effectivement, la réparation faite à l'époque vient de céder.
Après modification et réparation, le plein peut être effectué et l'engin prend son essor à 16h30 ; sept secondes plus tard, l'on aperçoit une pluie de débris et l'engin désemparé, sans queue ni tête, tombe, tournant comme un bâton, à deux kilomètres de la rampe où son résidu d'alcool continue à brûler durant une bonne partie de la nuit.
La tuyère ne porte aucune trace de cloquage et son poli se discerne encore à travers les flammes.
Les débris déchiquetés de l'empennage jalonnent la ligne de tir.
Cette détérioration de l'empennage peut-être attribué à la chaleur dégagée par les traceurs qui avaient été fixés en bout d'ailes afin d'apprécier le roulis de l'engin et de permettre de suivre ce dernier après la fin de combustion.
Il est décidé de tirer le deuxième engin sans traceur.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
Mise en place de la fusée Eole 1952 au CIEES.
24/11/1952 -- France - algérie
Deuxième tir de la fusée Eole 1952.
Cet engin ne comporte ni télémesure, ni appareil de la Société Française d'Équipement pour la Navigation Aérienne (SFENA), ni ogive largable mais est muni d'un enregistreur de la Société de Fabrication d'Instruments de Mesure (SFIM). Les pleins s'effectuent sans incident.
A la mise à feu, l'engin hésite à démarrer.
La combustion irrégulière manifeste un manque de pression.
En fin de rampe la fusée est larguée à la très faible vitesse de dix-huit mètres par seconde.
Lors du tir précédent elle avait atteint 30,5 mètres par seconde, valeur elle-même inférieure à ce qui a été prévu, à savoir quarante-six mètres par seconde.
Redressé par une rafale opportune, l'engin poursuit son trajet cahin-caha et perd à son tour son empennage vingt-cinq secondes après la mise à feu.
Après avoir atteint une altitude de 2950 mètres, il tombe à 4000 mètres de la rampe.
Au dépouillement des films des cinéthéodolites, on s'aperçoit que les deux engins ont perdu leur empennage à des vitesses très voisines : 335 et 315 mètres par seconde ; les responsables ne sont donc pas les traceurs mais... le mur du son.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En Décembre 1952 France - algérie
Les deux échecs successifs survenant après les péripéties de la citerne à oxygène liquide causent une impression très défavorable aux assistants qui, pour la plupart, ignorent sans doute que les deux premiers lancements réussis du V2 avaient été suivis de treize échecs successifs.
Quoi qu'il en soit, le premier décembre 1952 l'étude de la fusée Eole est suspendue "sine die".
À cette date s'arrêtent les expérimentations concernant les fusées de Jean-Jacques Barré.
A cette époque aucun programme de missile balistique n'est à l'étude.
Seuls, les missiles tactiques et en particulier les systèmes sol-air sont l'objet de multiples recherches mais l'utilisation de l'oxygène liquide est incompatible avec la souplesse d'emploi et la capacité de départ rapide requis par ces systèmes.
Par ailleurs, une autre voie plus satisfaisante de ce point de vue, celle de l'acide nitrique, est prise par les équipes du Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques (LRBA) depuis quelques mois avec la fusée-sonde Véronique et aussi par la Société pour l'Etude de la Propulsion par Réaction (SEPR).
Si, pour l'heure, l'arrêt des études françaises concernant l'oxygène liquide est très décevant pour Jean-Jacques Barré et le laissa quelque peu amer, l'avenir ne devait pas tarder à lui donner raison.
Au début des années 1960, les études françaises sur la propulsion à oxygène liquide seront reprises pour un lanceur Diamant amélioré et conduiront directement à la réalisation du troisième étage du lanceur européen Ariane.
Les idées d'Esnault-Pelterie et de Jean-Jacques Barré ont donc été particulièrement pertinentes.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En 1958 -- France
Barré reçoit le Prix Muteau de l'Académie des Sciences pour l'ensemble de ses travaux concernant l'Astronautique et les Engins.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En 1960 -- France
À partir de 1960, Barré met ses connaissances et son expérience comme ingénieur-conseil au service de la Société pour l'Etude et la Réalisation d'Engins Balistiques (SEREB) et de la Société Nationle d'Étude et de Construction de Moteur d'Avion (SNECMA).
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En 1963 -- France
Barré partage le prix Galabert, de la Société française d'Astronautique avec le cosmonaute soviétique Youri Gagarine.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993
En 1978 -- France
Après une longue maladie, l'ingénieur Général Jean-Jacques Barré décéde à l'âge de soixante-dix-sept ans.
L'homme qui le premier, en France, a fait voler une fusée à propergols liquides disparait.
Ce fut un pionnier et un chercheur obstiné qui avec Robert Esnault-Pelterie dont il fut le disciple jeta les bases de l'astronautique française.
Leurs travaux, à l'origine, furent si intimement liés qu'on peut dire que les succès et les difficultés de l'un furent aussi ceux de l'autre.
Les domaines d'intérêt de Jean-Jacques Barré furent nombreux.
La propulsion par moteur-fusée et les fusées elles-mêmes constituèrent son domaine de recherche majeur.
En matière de propulsion proprement dite, il s'était intéressé aussi avant la seconde guerre mondiale aux statoréacteurs et à la propulsion nucléaire.
Toutefois, il est sans doute à regretter que l'histoire ait peu retenu le nom de Barré mais ici la responsabilité en incombe sans doute aux historiens.
Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993