1944
Mise à jour : 08/11/1999
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En 1944 France

Dès 1944, une société privée est constituée à Villejuif, en banlieue parisienne, c'est la Société d'Études de la Propulsion par Réaction (SEPR).

Cette société, au début de son activité, travaille plus particulièrement sur la mise au point des systèmes d'assistance à la propulsion d'avions et de missiles.

Philippe Cart-Tanneur, L'aventure spatiale européenne, Editions Trame Way, ISBN 2-908128-14-4, 1990

02/09/1944 -- Suisse

Naissance de Claude Nicollier à Vevey en Suisse.

ESA

En 1944 -- France - Allemagne

Afin que ces travaux ne soient pas découverts par la Gestapo, l'équipe de Barré utilise de nombreux subterfuges.

Toutefois, au cours de l'été 1944, le colonel Dubouloz est arrêté par la Gestapo. Il est interné à Fresnes.

Interrogé sur les activités de son équipe, il parvint, fort habilement, à convaincre la police allemande que cette étude est tout à fait farfelue.

Le colonel Gentil, membre de cette équipe, est arrêté également. Il a moins de chance. Envoyé au camp de concentration de Dora, il décédera quelques mois plus tard, victime de mauvais traitements.

Rappelons que bon nombre de déportés de Dora sont affectés à la fabrication des V2 dans des conditions particulièrement inhumaines et bon nombre en mourront.

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

En Janvier 1994 -- Allemagne

Trop proche de la frontière suisse, les Allemands se résignent à abandonner la station expérimentale de contrôle et de réception des V2 de Ober-Raderach située près du Lac de Constance.

Elle était affectée aux essais de moteurs de V2.

Un V2 complet sur dix fabriqués y était également essayé.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

21/02/1944 -- Allemagne

Von Braun convoqué par Himmler, décline une offre d'enrôlement dans la SS.

Pierre Kohler & Jean-René Germain, Von Braun contre Korolev, Duel pour la conquête de l'espace, Plon, ISBN 2-259-02749-0, 1994

06/06/1944 -- France

Débarquement allié en Normandie.

Le Monde dossiers et documents, L'Histoire au jour le jour,Tome 1, 1944-1954 les années froides, ISSN 0153-419 X, 1985

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

15/06/1944 -- France - Allemagne

Des impacts de V1 sont constatés dès le quinze juin 1944 dans le département du Pas de Calais.

De juin à septembre 1944, soixante-dix-neuf V1 atteindront le sol de ce département.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

01/07/1944 -- France - Allemagne

Explosion d'un V1 à Arronville dans la Région Parisienne.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

03/07/1944 -- France

Nomination du général de Gaulle comme président du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).

Initiation à la force de frappe française (1945-2010), M. Theleri, Stock, 2-234-04700-5, 1997

03/07/1944 -- France - Allemagne

Explosion d'un V1 à Méry sur Oise dans la Région Parisienne.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

06/07/1944 -- France - Allemagne

Explosion d'un V1 à Celle St Cloud dans la Région Parisienne.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

18/08/1944 -- Allemagne

Hitler appel la fusée A4, mise au point à Peenemünde, vergeltungswaffe zwei où arme de représailles numéro deux, autrement dit le V2.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

25/08/1944 -- Allemagne

Libération de Paris par la 2ème Division Blindée du Général Leclerc.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

29/08/1944 -- France - Etats-Unis

La connaissance du V2, et des autres armes nouvelles allemandes qu'aura la France à cette époque, doit beaucoup à l'initiative et aux efforts d'un homme le professeur Henri Moureu.

Pendant l'occupation, celui-ci est directeur du Laboratoire municipal de la Ville de Paris et assure aussi la fonction de Conseiller technique de la Defense Passive.

A ce dernier titre, il a pour rôle d'assurer la protection de la population contre les attaques aériennes.

Dans le cadre de cette dernière fonction, il enquête sur les explosions de V1 intervenues les premier, trois et six juillet 1944 dans les environs de Paris.

Le professeur Henri Moureu reçoit la visite de deux attachés scientifiques américains, le professeur Noyes et le Dr Hickmann, membres de la mission ALSOS laquelle est chargée de rassembler des informations concernant les armes secrètes allemandes.

Il apprend alors l'existence possible d'une fusée à longue portée dont la masse est estimée à dix tonnes.

Une coopération s'établit entre les Américains et le Professeur Moureu pour mieux identifier les caractéristiques et les performances des V1 et V2.

Une inspection de quelques usines de la région parisienne sera même entreprise.

Il sera découvert dans la société "La Précision mécanique" un servo-moteur de V2 en cours de réalisation.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

02/09/1944 -- France - Allemagne

Deux V1 touchent Chatou et Le Bourget.

Le département du Nord recevra une trentaine de V1 de septembre 1944 à janvier 1945.

Il est toutefois intéressant de noter que la centaine de V1 qui s'abat sur le sol français ne résulte que du mauvais fonctionnement de ces missiles dont les rampes de lancement étaient dirigées contre l'Angleterre.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

03/09/1944 -- France

Alors que la libération de la France commencée en 1944 se poursuit par la libération de Lyon.

le trois Septembre 1944, les essais en vol de la fusée EA 1941 sont à nouveau envisagés.

Le matériel de l'équipe de Barré est rapidement rassemblé, y compris la fraction d'Oran retrouvée intacte; il est décidé que les premiers tirs auront lieu à la Renardière, dans la presqu'île de Saint-Mandrier qui ferme la rade de Toulon.

La rampe de lancement est aussitôt mise en confection et une reconnaissance est effectuée à Toulon pour prendre liaison avec la Marine et organiser les premiers tirs.

Jacques Villain, Jean-Jacques Barré pionnier français des fusées et de l'astronautique, SEP, 1993

Le Monde dossiers et documents, L'Histoire au jour le jour,Tome 1, 1944-1954 les années froides, ISSN 0153-419 X, 1985

06/09/1944 -- France - Allemagne

L'avance alliée se situe sur une ligne allant de la Somme à la Champagne.

Inexorablement, l'armée allemande recule mais ne s'avoue pas pour autant vaincue.

Elle combattra encore de nombreux mois, jusqu'au huit mai 1945.

En ce six septembre, elle contre-attaque par la mise en service d'une nouvelle arme qu'elle appelle vergeltungswaffe zwei où arme de représailles numéro deux, autrement dit le V2.

Déployé à quelques kilomètres de Vielsam dans les Ardennes belges, le groupe sud de V2 comprenant le 836ème bataillon d'artillerie motorisée et la 444ème batterie expérimentale et commandé par le major Schulz se tient prêt depuis le cinq septembre à tirer ses premiers missiles. Le vingt-neuf août, Londres a été désignée comme la seule cible par l'OKW (Ober-Kommando der Wehrmacht), mais le lendemain, Paris a été également retenue.

À l'aube.

Deux V2 sont érigés sur leur table de lancement.

10h30 : L'ordre de mise à feu est donné au V2 n° 18589.

L'objectif est Paris.

Le moteur s'allume et atteint très rapidement sa poussée maximale de vingt-cinq tonnes.

Dans un fracas assourdissant, l'engin s'élève imperceptiblement et presque aussitôt retombe sur sa table, moteur coupé.

Il vacille mais reste finalement debout.

11h40 : Un second V2, le n° 18593 est mis àfeu avec également Paris comme objectif.

Même résultat.

Dans l'après-midi.

L'avance alliée contraint la batterie à se replier près de Sterpigny au sud-ouest de Bochholz.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

Entraînement de mise en battrie de fusées V2.

08/09/1944 -- France - Allemagne

Dans la matinée, quelques minutes avant onze heures.

Deux V2 sont tirés sur Paris.

On ne retrouvera jamais l'impact du premier.

Encore peu fiable, l'engin s'est sans doute désintégré en rentrant dans l'atmosphère.

Quant au second, il est le premier missile balistique opérationnel de l'histoire àatteindre sa cible.

L'impact aura lieu quatre minutes et demie après son départ, à onzes heures, à Charentonneau, quartier de Maisons-Alfort, dans la banlieue sud-est de Paris après un vol de trois cents vingt kilomètres. On dénombrera une vingtaine de morts et de blessés ainsi que d'importants dégâts matériels.

En fin d'après-midi.

Les premiers tirs de V2 sur Londres commencent.

A 18h43, un premier missile tiré par le 485ème bataillon d'artillerie depuis la région de La Haye, en Hollande, tombe à Chiswick puis un autre, seize secondes plus tard, sur Epping dans l'Essex.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

Mise en battrie d'une fusée V2.

08/09/1944 -- France - Etats-Unis

Les Services de Police prévienne le Professeur Moureu qu'une explosion vient de se produire à Charentonneau dans la banlieue sud-est de Paris.

Après s'être rendu sur les lieux, celui-ci établit le rapport suivant :

"Le huit septembre 1944, à onze heures du matin, une explosion soudaine se produisit à Charentonneau (Maisons-Alfort).

Prévenu aussitôt par les services de police, je procédai sur place à un certain nombre de constatations qui me firent pressentir l'apparition d'un engin nouveau, nettement différent du V1, ceci ressortant à la fois de l'examen des débris (roulements à billes, appareillage électrique soigné, pièces usinées avec précision), de l'étendue des dégâts et du fait surprenant que l'on n'avait entendu aucun bruit précéder l'explosion et que, dans le même temps, il n'avait été signalé le passage d'aucun avion.

Les débris recueillis par mon service ne permettant pas une identification d'un engin qui s 'avérait extrêmement complexe, je les remis au Dr Woodruff, et ils partirent aussitôt pour les États-Unis aux fins d'examen."

Quelques jours plus tard, ces pièces seront identifiées comme étant celles d'un V2.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

16/09/1944 -- France - Allemagne

Alors que l'armée allemande recul, des sites utilisés pour la fabrication ou le lancement des V1 et des V2 se trouvent accessibles.

Ainsi, Moureu découvre à La Chaussée Tirancourt, dans la Somme, des rampes de lancement de V1.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

29/09/1944 -- France - Allemagne

Moureu visite avec des représentants des services techniques du Ministère de l'Air, les gigantesques installations souterraines de la région de Longwy destinées à produire de l'ordre de cent à cent-cinquante V1 par jour.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

En Octobre 1944 -- France

Création au sein du Ministère de la Marine d'une Commission des Armes Secrètes Allemandes.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

02/10/1944 -- France - Allemagne

Durant tout le mois de septembre, aucun autre V2 n'est tiré sur Paris et sur la France alors que l'Angleterre en reçoit en moyenne deux par jour.

Cette tranquillité prend fin le deux octobre lorsque quatre V2 explosent dans des communes autour de Paris : St Germain-sur-Doué en Seine et Oise, Bouillancy, Silly le Long et Brégy dans l'Oise.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

02/10/1944 -- France - Allemagne

Moureu accompagné de Frédéric Joliot-curie, se rend à Watten dans le Nord où une énorme construction bétonnée a été édifiée dans la forêt d'Éperlecques pour produire de l'oxygène liquide destinée à l'approvisionnement des sites de lancement de V2 de la région.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

Prospectus sur le "Le blockhaus d'Éperlecques" de l'office du tourisme de Calais

03/10/1944 -- France - Allemagne

Six autres engins V2 atteignent Tremblay les Gonesse et Vaujours en Seine et Oise, de nouveau Bouillancy, Courchamp dans l'Aisne, Nanteuil les Meaux et Neufmoutiers les Meaux en Seine et Marne.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

04/10/1944 -- France - Allemagne

Sept nouveaux missiles V2 explosent à Lizy sur Ourq, Dammartin et Beaumarchais en Seine et Marne, Deuil la Barre et Puiseux les Louvres en Seine et Oise.

Deux impacts sont aussi relevés dans deux communes proches de Paris, à Pantin et Noisy le Sec.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

05/10/1944 -- France - Allemagne

Quatre V2 atteignirent Plailly et Mortefontaine dans l'Oise, Louvres et Châtillon respectivement situés dans les départements de la Seine et Oise et de la Seine.

Ce sont donc vingt et un impacts qui seront relevés dans le Région Parisienne.

Durant ces premiers jours d'octobre 1944, la Werhmacht tire également des V2 sur des villes du nord de la France :

vingt-cinq sur Lille, dix-neuf sur Tourcoing, six sur Arras, quatre sur Cambrai, un sur Saint Quentin.

C'est donc au total soixante dix-huit V2 qui ont été tirés sur la France du huit septembre au cinq octobre, cette dernière date marquant la fin de l'offensive des V2 sur le sol français, suite au retrait des troupes allemandes des Pays-Bas.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

10/10/1944 -- France - Allemagne

Les tirs de V2 sur Paris, effectués les deux, trois, quatre et cinq octobre, permettent d'avoir accès à un nombre assez important de pièces en relativement bon état ramassées dans les cratères des explosions.

L'examen de ces pièces montre que ces engins sont semblables à celui tombé le huit septembre à Charentonneau.

Par ailleurs, des informations nouvelles sont parvenues aux Américains sur cet engin.

A l'occasion d'une réunion que Moureu tient avec eux le dix octobre, il est établi de façon certaine que c'est bien le V2 que les Allemands ont utilisés pour bombarder Paris.

Il est aussi acquis que ce missile utilise le couple d'ergols oxygène liquide et alcool ce qui permet de faire un rapprochement entre le V2 et l'installation de Watten.

Sûr de l'intérêt que présente pour la France la recherche d'une connaissance plus approfondie de ces nouveaux systèmes d'armes, le Professeur Moureu qui a pris seul l'initiative de l'étude de ces systèmes poursuit plus avant ses investigations dans les installations laissées par la retraite allemande.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992

21/12/1944 -- France - Grande-Bretagne

Du vingt et un au vingt-trois décembre 1944, accompagné de Joliot-Curie et de son adjoint l'ingénieur en chef Chovin, Moureu visite l'ouvrage de Wizernes dans le Pas de Calais situé à une quinzaine de kilomètres de Watten lequel devait constituer une base de lancement de V2 destinés à bombarder l'Angleterre.

Au cours de cette visite, il prend contact, pour la première fois, avec les Britanniques, en l'occurence une mission d'étude du Royal Engineering.

Par la suite, de nombreuses réunions d'échanges d'informations se tiendront avec les Britanniques.

Jacques Villain, La France a-t-elle hérité de Peenemünde, Commission histoire de l'AAAF, 1992